Avant que vous ne songiez à m’attaquer C’est de l’humour permettez-moi d’éclaircir quelques points. Je partagerai mon expérience d’utilisateur de réseaux sociaux ayant connu l’ascension et la chute – à l’image de Twitter –, ainsi qu’une analyse des projets actuellement en vogue. Avec près de 21 ans d’existence d’internet à mon actif (oui, j’ai survécu aux chatrooms et aux mèmes en 144p), je pense pouvoir exprimer sans détour mon ressenti.

Le ciel bleu, les oiseaux et toi

Avec tout ce qui se passe actuellement, vous avez choisi de quitter X pour Bluesky. C’est très bien de vouloir du nouveau tout en retrouvant l’essentiel de Twitter – comme un café qui garderait son arôme mais changerait de mug. ☕ Bluesky, c’est une PBC (Public Benefit Corporation), une entreprise à mission sociale. Traduction : les actionnaires n’ont pas leur mot à dire, et Bluesky peut choisir ses priorités… tousse intérêt général tousse. Leur protocole AT Protocol est un réseau décentralisé, comme Mastodon (avec son ActivityPub) ou Meta avec Threads… mais sans le côté open source.

Pourquoi Bluesky attire le monde ?

• La censure NSFW façon puritanisme américain (un sein = mal, un bot spammeur = ok).
• Les Brésiliens privés de X par une décision judiciaire (merci le capitalisme de plateforme).
• Les frasques de Michel Bousk* qui a supprimé le bouton « Bloquer » (remplacé par un masquage inutile, comme un pansement sur une jambe de bois).

L’interface Bluesky, un copié-collé de Twitter. Normal, le père Jack Dorsey est dans l’aventure. Exemple : j’ai pu partager la vidéo de Nimi Nightmare sur L.A. Noire (allez la voir, elle est FaunaESQUE… haha, riez, je suis drôle).

Janvier 2025 : l’explosion #HelloQuitX

• Musk et Trump sont devenus best friends forever → X = Fox News en plus algorithmique.
• Le bouton « Bloquer » ? Remplacé par un masquage à la con. #ThanksElon.
• Un script open source pour transférer ses followers de X à Bluesky.
• Ironie : ça utilise les outils de Musk pour le niquer. Ça, c’est du hacktivisme qui pue le camembert. 🧀

Les listes de suivi/blocage :

Un starterpack anti-toxicité (pratique !). 3 clics pour bloquer les fanatiques de Musk, les fachos et les bots ChatGPT déguisés.
Mais : tu finis dans une bulle avec 12 personnes et un hamster philosophique (gare à l’écho des cavernes).

Les DM : Je ne réponds jamais. « Salut, tu vas bien ? » = blocage direct (désolé, pas désolé). Astuce : activez l’option « Seuls mes morts peuvent m’écrire ».

Le reste : Recherche, notifications, mots-clés… (exemple : #jardinage pour les fans de tomates bio). Bref, Twitter en moins pourri.

Article de Fenarinarsa sur le sujet des choses a savoir sur Bluesky: https://www.fenarinarsa.com/?p=2690

Le meilleur des mondes sauf que .. .

À défaut de parler du dernier film culte, d’un animé oublié ou même de la vidéo d’adieu déchirante de Fauna, on est censés ramener du positif. Genre, des actions écolos ou du social. Sauf que non : on préfère recycler la toxicité de X. Bravo, Bluesky est officiellement un X-like avec le meme niveau de connerie.

Je vous conseille l’excellente video de presentation de Cory Doctorow concernant la merdification qui est dispo facilement sur internet et sur la page de Wikipedia mais en gros c’est

“Doctorow décrit le phénomène comme un processus linéaire en quatre étapes : au départ, les plate-formes servent les intérêts de leurs utilisateurs, qui en deviennent dépendants. Elles fournissent un produit ou service utile à perte. Elles utilisent ensuite ces utilisateurs pour servir les intérêts de leurs entreprises clientes, fournissant les informations de leurs utilisateurs aux fournisseurs, à perte. Dans la troisième phase, les plate-formes profitent de ces deux catégories de clients, devenus captifs, pour servir leurs propres intérêts les surplus sont distribués aux actionnaires. Dans cette phase, les entreprises merdifiées n’ont plus aucune raison de proposer un service de bonne qualité : elles ont un monopole des services et un monopsone pour les clients, avec un coût de sortie. Pour Doctorow, cette phase se caractérise par l’ajustement permanent des paramètres du système dans le seul objectif de rapporter plus d’argent Les entreprises finissent par disparaître dans la phase finale, quand les coûts de sortie des clients captifs cessent d’être prohibitifs, par exemple si une alternative émerge”

C’est simple : Twitter/X a changé la façon d’avoir des débats en ligne. Ils nous ont tellement rentré ça dans le crâne qu’on est devenus des supra-formatés. Et sur Bluesky, on reprend la même recette pourrie :

1. « On a peur de ça → faut le chasser »
2. « La personne est [insérez une raison] → croisade express »

Le harcèlement, cette merveilleuse technique pour détruire quelqu’un en deux posts, juste parce qu’il ose argumenter avec des sources. Le nombre de gens que je connais, victimes de ça, qui dénoncent point par point… et se font liquider parce que Jean-Mascu™ n’a pas apprécié la remarque d’une femme ? Vite,Jean-Mascu passe en mode Harcelement.

Le piège des sources toxiques

Vous balancez des infos de comptes comme Merdiavenir (agence de comm déguisée, payée par des partis) ? Stop. En les citant (même pour les dénoncer), vous :

• Leur donnez du crédit martyr (« Regardez, on nous censure ! »)
• Leur offrez de la visibilité gratuite (algo : « Oh, un sujet chaud ! » → boost) Exemple réel :
  La rumeur « TikTok ferme en France ! » → Partagée 50k fois. Mon debunk avec preuves ? 3 likes.

« Parler d’un compte pourri, c’est comme donner un mégaphone à un pigeon. Faut pas s’étonner du bordel. »

Activisme, j’écris ton nom en @

Bluesky s’impose comme une caisse de résonance précieuse pour les combats antiracistes, féministes et socio-économiques. Je lui dois d’avoir découvert des comptes éclairants sur le féminisme, révélant parfois l’ampleur des comportements toxiques de certains de mes congénères – une prise de conscience aussi salutaire que désillusionnante. Sur cette plateforme, l’éducation militante devrait primer : partage de thèses universitaires, conférences en PeerTube, contenus capables de secouer les consciences sans verser dans le simplisme. Car l’écueil est là : l’activisme se mue trop souvent en guerres de clochers, où le moindre sujet devient un champ de bataille idéologique. Bluesky n’y échappe pas, pas plus que TikTok où pullulent les publications d’extrême droite ou d’extrême gauche rivalisant de mauvaise foi, jusqu’à politiser une vidéo de chat… La violence verbale et les insultes gangrènent les débats, rendant les listes de blocage indispensables. Elles filtrent non seulement les trolls, mais aussi ceux dont le dialogue s’avère stérile.

Pourtant, cette logique a son revers : se voir blacklisté·e pour une simple interaction avec un compte controversé, déclenchant une spirale anxieuse (« Et si on m’associait à… ? »). Ironie cruelle quand on prétend juste nourrir le débat. Moi-même, étiqueté « bobo-islamo-gauchiste » par une droite en roue libre, je mesure mes prises de parole. Même entre allié·es, les échauffourées numériques sur la religion ou la politique virent au carnage. Les réseaux sociaux, espaces de combat devenus chambres d’écho, transforment la nuance en faiblesse et la radicalité en virilité militante.

…Et si on continuait

Peut-être faut-il repenser l’activisme en ligne comme un jardin à cultiver plutôt qu’une arène. Bloquer, mais aussi archiver les discours constructifs. Privilégier les fils de discussion approfondis aux claquements de doigts numériques. Bluesky pourrait être ce laboratoire : un lieu où l’on ne hurle pas ses convictions, mais où l’on sème des idées en taguant #sources à l’appui. Après tout, l’éducation populaire ne meurt jamais – elle scroll, elle like, et parfois, elle bloque. Mais elle persiste.

SafePlace ? Mais qui finance ?

« J’aime bien, je suis libre de tout dire et on aura pas un riche pour contrôler » ou alors « C’est la plateforme pour nous, la gauche ». Je trouve intéressant, et même cool, de vouloir venir ici – surtout pour donner une bonne action. Mais quitter X pour débarquer sur Bluesky en disant « Ouais, pas de Trumpistes ici ! », alors que l’entreprise reste financée par des capitaux privés… C’est un peu court.

Preuve avec cet article de TechCrunch du 24 octobre 2024 : une levée de fonds de 15M$ menée par :

« Blockchain Capital, avec Alumni Ventures, True Ventures, SevenX, Amir Shevat (Darkmode) et Joe Beda (co-créateur de Kubernetes). La présence d’une firme crypto inquiète les sceptiques, d’autant que la CEO Jay Graber a travaillé pour Zcash (une boîte crypto). Bluesky assure ne pas vouloir basculer vers le web3. »

Au vu de la situation actuelle aux USA (et elle est pas drôle), une partie des financeurs ont des potes dans la galaxie Trumpiste, voire y appartiennent. Oui, Bluesky est une PBC (Public Benefit Company), mais elle reste une société avec des actionnaires. La question est :

1. Comment garder sa liberté quand tes investisseurs rêvent de ROI (Return On Investment, pas Révolution Obligatoire Immédiate) ?
2. Pour combien de temps avant qu’une loi permette aux financeurs de prendre le contrôle ? (Trump,hein vous le savez)

Et une fondation? Ce serait toujours possible avec que les utilisateurs donnent des dons…Sauf si l’un des patrons de cette fondation est un Trumpiste. Coucou Protonweb https://www.reddit.com/r/ProtonMail/comments/1i1zjgn/so_that_happened/

L’avenir sera pas rose :

Tout n’est pas perdu ? Bien sûr que si. Mais gardons l’illusion : quelques chevaliers blancs du CA croient encore que Bluesky peut rester une SafePlace. Ils défendent la liberté d’expression,les minorites etc… comme on repeint un Titanic . Spoiler : Soyons réaliste ça coulera quand même. J’aime Bluesky, oui. J’y découvre des comptes qui m’apprennent que l’eau mouille, et des liens « pro/perso » pour briller en dîner. Mais ne nous leurrons pas : chaque post engagé, chaque hashtag #JusticePourMachin,nous amènera a rien.

• Vous n’êtes pas des utilisateurs, mais du bétail numérique. Les politiciens vous traquent, les entreprises vous monétisent, et les modos « bienveillants » sont des gardiens de zoo sous-payés.
• Le safe space ? Une dystopie marketing pour gauchistes naïfs. Même les listes de blocage sont des leurres – vous croyez contrôler l’info ? L’algo rigole.

Un jour, un investisseur dira « assez joué » et transformera Bluesky en app de rencontre pour ConnardBro comme sur X. Vous protesterez en taguant #Résistance, ce qui boostera les stats du réseau. Bravo, vous venez de nourrir la bête et on ira rechercher une autre terre encore et encore…

En résumé, bien que Bluesky semble offrir une alternative à X (Twitter), il reproduit nombre de ses défauts et pourrait bien finir par succomber aux mêmes pressions financières et idéologiques.